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                Huitième épisode de la série 
   
    
  
     
  
  
  
  
  
  
   
  
  
  
TITRE : LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO  
  
  
Dans :  
  
« BENIS SOIENT LES POETES ! »   
(8ième épisode)  
  
  
  
ROBERTO  
MAMOUZELLE  
AUGUSTIN  
LE COMTE DE LA BOUCHE6EN-BIAIS  
SYLVESTRE (Le Facteur)  
  
LIEU : « L’AUBERGE DE LA LICORNE » (Située à l’écart du village de maison-Du-Bois Doré, dans le Midi de la France)  
  
  
   
  
  
GENRE : Comico Romantico Poétique  
  
AUTEUR : CASALI EMILIEN  
  
Amicalement et Fraternellement, Emilien Casali (Auteur)  
casali.emilien@wanadoo.fr  
  
  
PROTECTION SACD  N° 172748  
http://emiliencasali.populus.ch/  
  
  
Contact : Emilien CASALI – (France)  
e-mail casali.emilien@wanadoo.fr  
  
  
  
  
Tous mes remerciements aux professeurs ci-dessous qui ont fait participer leurs élèves aux Concours de dessins " Roberto en automne 2009" (Grand sourire)  
  
  
  
Madame Rodica Calota (Targu Jiu - Roumanie)  
Victoria Bostina (Vainqueur), Miruna Poienaru (Vainqueur)  
  
  
  
Corina Fenichiu (Biled - Roumanie)  
Monsieur Sebatian Flieraru "Seby", Cristina Virdea (Vainqueur), Daniela Draia, Tabita Kurali (Vainqueur)   
  
  
Liliana Derevici (Cluj-Napoca - Roumanie)  
Ciprian Macavei, Ionut Sutea, Paul Deac, Dan Ion Stana, Alina Buzan, Andreea Muresan, Andrei Gorgan (Vainqueur), Andrei Irimus (Vainqueur), Cristiana Horea, Elina Pislari (Vainqueur), Flavia Deak, George Carlig, Ioana Bozdog, Irina Anca Faiciuc, Iulia Cismaru, Mihai Topan, Stefania Felecan, Teodora Muntean (Vainqueur), Ioana Daniela Dunca (Vainqueur), Iulian Cailean, Mariana Balan, Mariana Lupas, Mihnea Ciceu, Sonia Andra Nicoara, Lisa Patrusel, Patricia Tulai  
  
  
  
  
   
  
  
  
  
   
  
  
  
  
   
  
  
  
PROLOGUE  
  
MAMOUZELLE, SYLVESTRE  
  
  
   
  
  
SYLVESTRE  
Ohé ! Il y a quelqu'un là-dedans ? J'ai un message oral à communiquer à Mamouzelle. Où est-elle passée, enfin ? Il est dix heures.  
  
MAMOUZELLE  
Ce n'est pas le peine de crier aussi fort, Sylvestre; je vous ai entendu.   
  
SYLVESTRE  
Nous sommes lundi matin, Bergère.  
  
MAMOUZELLE  
Et alors ?  
  
SYLVESTRE  
C'est aujourd'hui que débute ma tournée matinale.  
  
MAMOUZELLE  
Et après ?  
  
SYLVESTRE  
Eh bien, vous êtes la première personne à qui je viens rendre visite. Votre week-end s'est bien déroulé ?  
  
MAMOUZELLE  
Oui, si l'on veut.  
  
SYLVESTRE  
Votre époux est rentré de sa virée ?  
  
MAMOUZELLE  
Dites-moi, facteur, vous travaillez pour les renseignements généraux maintenant ? Toutes ces questions...  
  
SYLVESTRE  
A vrai dire, je m'inquiète un peu pour vous, ces jours-ci.   
  
  
   
  
  
  
MAMOUZELLE  
De quoi je me mêle !  
  
SYLVESTRE  
Cool, cool, ma petite dame !  
  
  
MAMOUZELLE, tend la main  
Vous ne deviez pas me communiquer un message ? Eh bien, j'attends.  
  
SYLVESTRE  
C'est à dire que je dois vous le transmettre oralement.   
  
MAMOUZELLE  
Que me chantez-vous là ?  
  
SYLVESTRE  
C'est de la part d'Augustin, votre époux.  
  
MAMOUZELLE  
S'il a quelque chose à me dire, eh bien, il sait où me trouver.   
  
SYLVESTRE  
Seulement voila, ce dernier a décidé de quitter le domicile conjugal définitivement.  
  
MAMOUZELLE  
Comment ça ?  
  
SYLVESTRE  
Je crois bien que vous l'avez mis à la porte, hier après-midi ?!   
  
  
  
   
  
  
  
MAMOUZELLE  
C'est lui qui vous a dit ça ? Mais d'abord, en quoi ma vie privée vous regarde-t-elle ?  
  
SYLVESTRE  
C'est à dire qu'Augustin a passé la nuit chez moi.   
  
MAMOUZELLE  
Chez vous ?  
  
SYLVESTRE  
Et même qu'il y est encore !... Que voulez-vous, je n'allais pas laisser ce pauvre homme à la rue. Vous imaginez le voisinage.   
  
MAMOUZELLE  
Oh, mon dieu ! Que je suis idiote ! Je l'ai rendu malheureux.   
  
SYLVESTRE  
Vous avez du remord ?  
  
MAMOUZELLE  
Alors, comme ça, il ne reviendra plus ici.  
  
SYLVESTRE  
Exact !   
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
Et dire qu'il sera papa dans quelques mois. Il ne peut tout de même pas m'abandonner ainsi.   
  
SYLVESTRE  
Quand je pense que vous formiez le plus beau couple du voisinage.   
  
MAMOUZELLE  
Oui, mais en ce temps-là, c'était différent. Monsieur Augustin ne se comportait pas comme un ivrogne, il avait pour moi de l'estime, il ne quittait pas son domicile conjugal pour un oui ou pour un non pour partir en virée je ne sais où ?  
  
SYLVESTRE  
Que voulez-vous...les temps changent. Aussi, il va falloir vous faire une raison.  
  
MAMOUZELLE  
Je me souviens lorsqu'il foula le pas de cette porte pour la première fois.  
  
SYLVESTRE  
Et ça remonte à quand cette première fois ?  
  
MAMOUZELLE  
C'était au début de l'automne de cette année-là...  
  
  
Mamouzelle rentre dans la cuisine, suivie de Sylvestre  
  
  
  
FIN DU PROLOGUE  
  
  
  
-----------------  
  
  
ACTE 1 / SCENE 1  
  
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, AUGUSTIN, MAMOUZELLE  
  
  
   
  
  
Dix ans plus tôt... toujours à l'Auberge de la Licorne...  
  
  
   
  
  
  
  
LE COMTE, est agenouillé; vêtu d'un peignoir  
«  Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille.  
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:  
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,  
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.  
Pendant que des mortels la multitude vile,  
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,   
Va cueillir des remords dans la fête servile,   
Ma douleur, donne-moi la main; viens par ici,  
Loin dieux. Vois se pencher les défuntes Années;   
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;   
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;   
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,   
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,   
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.  
  
Charles Baudelaire (Recueillement)  
  
  
Après quoi il rentre dans la chambre...  
  
  
  
AUGUSTIN, fait son entrée  
Mamouzelle ! Mamouzelle ! Comment se fait-il qu'elle ne soit pas là pour m'accueillir ? (Il porte un sac à dos)  
  
MAMOUZELLE, sort des chambres  
Voilà ! Voila ! Un peu de patience.   
  
AUGUSTIN  
Deux minutes de plus et je repartais.  
  
MAMOUZELLE  
Monsieur est de retour ?!  
  
AUGUSTIN  
Le parfum de cette région était si doux la fois passée.   
  
MAMOUZELLE  
Votre premier passage dans la région remonte au printemps dernier, je crois bien !?  
  
AUGUSTIN  
Nous voici en automne à présent ! C'est une saison que l'on dit très agréable par ici.  
  
MAMOUZELLE  
C'est aussi la saison pour remettre les pendules à l'heure.   
  
AUGUSTIN  
En tous cas, pour moi, c'est l'époque rêvée pour effectuer une pose bien méritée.  
  
MAMOUZELLE  
Soyez le bienvenu à l’Auberge de la Licorne ! Votre voyage fut bon, Monsieur ?   
  
AUGUSTIN  
Vous pouvez m'appelez Augustin.  
  
MAMOUZELLE, lui retire son sac à dos  
Laissez-moi vous aider à retirer,votre fardeau.   
  
AUGUSTIN  
Mon voyage aurait pu être bon s'il n'avait été aussi long. Je suis éreinté, voyez-vous...  
  
MAMOUZELLE  
Ne me dites pas que vous avez traversé le pays à pied cette fois encore ?   
  
AUGUSTIN  
Je voulais achever mon pèlerinage de cette façon, mettant ainsi un terme à ma longue quête. La sagesse s'abat sur moi, dirait-on ?!   
  
MAMOUZELLE  
Etes-vous certain de faire le bon choix en revenant ici ?   
  
AUGUSTIN  
Je me sens assez mûr à présent pour me sédentariser.   
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE, lui sert un verre  
Je vous sers un verre de Champinelle ? Il provient de la propriété viticole de Monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais.   
  
AUGUSTIN  
Volontiers ! A nos retrouvailles ! (Un temps) Mais dites-moi, Mamouzelle, Roberto est arrivé ?  
  
MAMOUZELLE  
Pas encore.  
  
AUGUSTIN  
Le *Prince des étoiles* se serait-il égaré en chemin ?   
  
MAMOUZELLE, lui remet un message  
Votre Compagnon a laissé un message pour vous.  
  
AUGUSTIN  
Il ne lui est rien arrivé de grave, au moins ? Voyons voir...   
  
MAMOUZELLE  
S'agit-il de mauvaises nouvelles ?  
  
AUGUSTIN  
Tenez, Mamouzelle, lisez-le !… je me sens bien las tout d'un coup. D'ailleurs, je vais m'asseoir... après une aussi longue marche...   
  
MAMOUZELLE  
Je regrette...il s'agit-là d'un message personnel vous étant adressé ! Je ne saurais...  
  
AUGUSTIN  
Dans ce cas, je ne vous en confierai que la lecture !   
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
Comme il plaira à monsieur Augustin.   
  
(Puis elle lit le contenu à haute voix)  
  
« Cher Compagnon,  
  
En cette saison Automnale commence pour moi un long repos;  
Mes longues balades estivales s'achèvent; ce n'est pas trop tôt.  
J'ai par trop usé mes semelles en marchant de travers;  
Chassé l'oubli incommensurable que mon âme s'infligeait;  
Fuir ce que j'étais, devenir l'esclave d'Antiques passés.  
Je désire par-dessus tout vivre et me mouvoir à chaque instant;  
Ne plus fuir le quotidien, et prendre l'Automne pour témoin;  
Cher Compagnon, ami de la providence,   
Bientôt, pour chacun de nous l'amour rejaillira,  
Les temps nouveaux approchent à grand pas. »  
  
  
  
   
  
  
  
LE COMTE, sort des chambres   
Mamouzelle !  
  
MAMOUZELLE  
Que faites-vous debout, Monsieur le Comte ? Avec votre fièvre, ce n'est pas prudent.  
  
LE COMTE  
Je me sens un peu mieux. Ne vous en faites pas!  
   
AUGUSTIN  
Christophe Charles Henri de la Bouche-En-Bié !  
  
LE COMTE  
Christophe Rodolphe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, en Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré ! Lui-même ! Se connaît-on ?  
  
AUGUSTIN  
C'est à dire que l'on parle beaucoup de vos péripéties amoureuses dans le voisinage et donc...  
  
LE COMTE  
Votre visage ne m'est point inconnu.  
  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
Nous avons fait connaissance en mai dernier dans l'une des grandes salles du château de la Via Dorée, lors d'une exposition de peinture…  
  
LE COMTE  
Je vous préviens... si vous êtes journaliste...   
  
AUGUSTIN  
Permettez-moi de me présenter : je suis Augustin, un ami de Mamouzelle... de passage à l'Auberge de la Licorne.  
  
LE COMTE  
Que suis-je distrait ! Bien sûr ! Vous êtes le poète ! Navré, je vous avais pris pour l'un de ses Paparazzis à bon marché qui passe le plus clair de son temps à vous épier, où que vous soyez, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit... tout cela dans le but d'obtenir de vous une photo qui sera diffusée ensuite dans l'un de ces magasines à sensation, ridiculisant par là même votre image. Très honoré, cher Maître !  
  
AUGUSTIN  
Qui aurait pu penser que le destin permette à nos routes de se croiser une seconde fois ?  
  
LE COMTE  
Et qui plus est, dans cette chaleureuse auberge située à l'écart du village de Maison-du-Bois Doré, loin des foules bruyantes et déchaînées.  
(Puis) Etes-vous certain que personne ne vous a suivi jusqu'ici ?   
  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
Lorsque je pars quelque part en exil je ne laisse jamais d'adresse.   
  
MAMOUZELLE  
Votre chambre est prête, Monsieur Augustin !  
  
AUGUSTIN  
Passez-vous du « Monsieur », je vous prie !  
  
  
LE COMTE  
Dites-moi, cher Maître, comment diable se fait-il que vous échouyiez en ce lieu ? Vous aussi avez été séduit par le charme et la gentillesse de Mamouzelle ?  
  
  
   
  
AUGUSTIN  
L'Auberge de la Licorne est l'un des rares endroits de ce monde où je peux m'y reposer en toute quiétude, à l'abri des Paparazzis. Vous voudrez bien m'excuser, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, je me vois dans l'obligation de vous quitter momentanément; la fatigue s'abattant sur moi, comprenez-vous ?  
  
LE COMTE  
Je vous souhaite un prompt rétablissement.  
  
MAMOUZELLE  
Suivez-moi, monsieur Augustin.  
  
AUGUSTIN  
Augustin, tout court, je vous prie.'  
  
FIN DE LA SCENE 1  
  
  
  
--------------  
  
ACTE 1 / SCENE 2  
  
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, MAMOUZELLE  
  
Le Comte s'assoit sur un tabouret près du bar et se prend la tête entre les  
Mains  
  
  
   
  
  
  
MAMOUZELLE, ressurgit  
Monsieur le Comte se serait-il assoupi sur la table ? Dois-je le réveiller ? Si seulement j'osais... Oh, et puis d'abord... (Elle secoue le Comte)  Réveillez-vous, monsieur le Comte !  
  
LE COMTE  
Je ne peux trouver le repos, Mamouzelle.  
  
MAMOUZELLE  
Vos soucis vous accable, c'est bien cela ?  
  
LE COMTE  
Je ne pourrais pas me remettre de mes blessures, cette fois-ci, je me sens comme l'âme et le coeur vide.   
  
MAMOUZELLE  
Certes, il va vous en falloir du temps pour oublier votre dernière conquête amoureuse.  
  
LE COMTE  
J'ai du mal à faire le deuil; je l'aimais si fort!   
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
C'est à chaque fois le même refrain avec vous ! Eh bien oui ! Chaque année, à la même époque, vous faites une dépression nerveuse suite à une rupture sentimentale et c'est ici, à l'auberge de la Licorne, que vous venez trouver refuge et consolation.  
  
LE COMTE  
Mais cette fois-ci, c'est différent !  
  
MAMOUZELLE  
Et en quoi est-ce si différent des autres fois ?  
  
LE COMTE  
J'avais rencontré l'amour de ma vie, et de plus, nous devions nous fiancer.  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
Vous rencontrez une personne en juin, et voila qu'en septembre vous voulez déjà vous fiancer avec elle sans même la connaître suffisamment   
bien.  Quelle précipitation !  
  
LE COMTE  
C'est en juillet que je l'ai rencontrée.  
  
MAMOUZELLE  
Monsieur aurait-il peur de finir vieux garçon ?  
  
LE COMTE  
Vous ne comprenez rien à mon désespoir.  
  
MAMOUZELLE  
Ne vous tourmentez pas autant, Monsieur le Comte, je suis persuadée que l'ami de votre coeur fera bientôt son arrivée.  
  
LE COMTE  
Elle ne me reviendra plus.  
  
MAMOUZELLE  
Je veux parler de la future fiancée de Monsieur le Comte.  
  
LE COMTE  
Il n'y aura plus jamais de nouvelle fiancée ! Monsieur le Comte en a assez, assez ! Comprenez-vous ?  
  
MAMOUZELLE  
Je vous signale que vous teniez les même propos l'an passé. Allons, laissez-moi vous raccompagner dans votre chambre. Vous avez besoin de repos.   
  
FIN DE LA SCENE 2  
  
  
-------------------  
  
ACTE 1 / SCENE 3  
  
AUGUSTIN, LE COMTE, MAMOUZELLE  
  
  
  
   
  
  
  
En soirée...  
  
LE COMTE  
« ô triste ! triste était mon âme  
A cause ! à cause d'une femme.  
Je ne me suis pas consolé !  
Bien que mon coeur ! bien que mon âme  
Eussent fini loin de cette femme.  
Je ne me suis pas consolé !  
Bien que mon coeur ! mon coeur trop sensible  
Dit à mon âme: est-il possible !  
Est-il possible ! -le fut-il  
Le fier exil ! ce triste exile ?  
Mon âme dit à mon coeur: sais-je  
Moi-même que nous veut ce piège  
D'être présents bien qu'exilés !  
Encore que loin en allés ? »  
Paul Verlaine (Romances sans paroles - La bonne chanson ou autre poème)  
  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
Votre mal se dissipera sous peu, mon ami.  
  
LE COMTE  
Le pensez-vous vraiment, cher Maître ?  
  
AUGUSTIN  
Il en va ainsi au gré des saisons.  
  
MAMOUZELLE, surgit  
Ces Messieurs ont peut-être envi de menthe et de thym ? !   
  
LE COMTE  
Très volontiers ! Mamouzelle ! Chaque soir, j'apprécie vos infusions; elles ont un effet salutaire sur ma fièvre.  
  
AUGUSTIN  
Mais par où êtes-vous entrée ! je ne vous ai pas vu arriver ?   
  
  
MAMOUZELLE  
Ce soir, je vois que l'humeur est à la fête !  Cela tombe bien,  j’avais préparé vos gâteaux préférés.  
  
LE COMTE  
Puisqu'il faut se sacrifier... Allons-y !  
  
AUGUSTIN  
Je vais d'ailleurs m'y lancer le premier.  
  
MAMOUZELLE  
Eh bien, messieurs, vous l'aurez voulu... J'y cours !  
  
  
LE COMTE  
Les hommes et leurs petits péchés mignons!   
  
AUGUSTIN  
Je ne suis là que depuis vingt-quatre heures et me voici déjà sous le charme !  
  
  
LE COMTE  
Seriez-vous d'humeur amoureux, cher Maître ?  
  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
« Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant  
D'une femme inconnue et que j'aime, et qui m'aime,   
Et qui n'est chaque fois, ni tout à fait la même  
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprends  
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent  
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème   
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême  
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.  
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ?   
Je me souviens qu'il est doux et sonore   
Comme ceux des aimés que la Vie exila.   
Son regard est pareil au regard des statues,   
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave elle a   
L'inflexion des voix chères qui se sont tues. »  
  
Paul Verlaine  (Mon rêve familier - Poèmes saturniens)  
  
  
   
  
  
LE COMTE  
Ne cherchez plus Augustin, vous l'avez trouvée !  
  
MAMOUZELLE  
Voici les petits gâteaux, messieurs !  
  
AUGUSTIN, s’adressant au Comte  
Mais hélas, je ne suis que de passage.  
  
LE COMTE  
N'avez-vous point recherché l'exil volontaire en ce lieu ?   
  
AUGUSTIN  
Un petit air de liberté m'a traversé l'esprit soudain.   
  
MAMOUZELLE  
Vous comptez déjà repartir, Augustin ?  
  
AUGUSTIN  
Pas avant d'avoir revu Roberto, qui, cette fois, je l'espère de tout coeur, sera plus serein que lors de notre dernière entrevue ! ?   
  
MAMOUZELLE  
Vous m1avez tellement parlé de lui, que j'ai hâte de le connaître !   
  
AUGUSTIN  
S'il ne manque pas à sa parole, bientôt je pourrai vous le présenter.  
  
MAMOUZELLE  
En attendant, finissez donc votre infusion, elle refroidit.  
  
FIN DE LA SCENE 3  
  
  
  
   
  
  
ACTE 1 / SCENE 4  
  
AUGUSTIN, LE COMTE, ROBERTO, MAMOUZELLE  
  
  
  
   
  
  
  
ROBERTO, chante à l'extérieur de l'Auberge  
« Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées;  
Mon paletot aussi devenait idéal;  
J'allais sous le ciel, muse ! et j'étais ton féal;  
Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! »  
  
AUGUSTIN  
Je ne vais pas tarder à vous présenter le « Prince des étoile », Mamouzelle.  
  
ROBERTO, entre dans l’auberge  
« Mon unique culotte avait un large trou,  
Petit poucet rêveur, j'égrenais dans ma course   
Des rimes. Mon auberge était à la grande ourse,   
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou... »  
  
AUGUSTIN, se lève  
« Et je les écoutais, assis au bord des routes,  
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes   
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur; »  
  
ROBERTO et AUGUSTIN, bras dessus, bras dessous  
« Où rimant au milieu des ombres fantastiques,  
Comme des lyres, je tirais les élastiques  
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! »  
Arthur Rimbaud (Ma bohème)  
  
  
  
FIN DE LA SCENE 4  
  
  
  
   
  
  
ACTE 1 / SCENE 5  
  
AUGUSTIN, LE COMTE, ROBERTO, MAMOUZELLE  
  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
Te voilà enfin, baladin !  
  
ROBERTO  
Je ne fus pas trop long ?  
  
AUGUSTIN  
Laisse-moi te présenter à nos amis. Christophe Charles Henri, je vous présente Roberto qui s'en revient d'aventures tumultueuses ! Roberto, voici monsieur le Comte De la Bouche-En-Biais en personne, qui, tout comme moi, s'est exilé à l'Auberge de la Licorne, et dont les histoires inventées sur son compte ne cessent d'alimenter les ragots de voisinage. Je n'oublierai pas non plus de te présenter Mamouzelle, la maîtresse de ce lieu, qui a gentiment acceptée d'accueillir des poètes en exile !  
  
ROBERTO, lui fait le baisemain  
C'est donc vous, Mamouzelle ! Augustin m'a beaucoup parlé de vous.  
  
MAMOUZELLE  
Je suis enchantée de recevoir le "Prince des étoiles " à l'Auberge de la Licorne!  
  
   
  
  
ROBERTO  
Je parie que c'est Augustin qui m'a surnommé ainsi ! Je reconnais là la marque de ses propos.  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
Vous aurez tout le temps de dialoguer ensemble, ces jours-ci, mes amis ! Mais pour l'heure, Mamouzelle, je vous prierai de nous apporter le meilleur vin de votre cave, nous allons fêter le retour de notre bon prince.   
  
ROBERTO  
Je vois que tu n'as pas perdu tes bonnes vieilles manies.   
  
AUGUSTIN  
Ce soir, c'est exceptionnel ! Monsieur le Comte acceptera de porter un toast à nos retrouvailles ?  
  
LE COMTE  
Hélas, cher Maître, j'ai cessé de boire de l'alcool... et puis, je ne voudrais en aucun cas vous déranger.  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
Comment cela, nous déranger ?  
  
ROBERTO  
Je me ferai un grand plaisir de porter un toast à notre rencontre, monsieur le Comte.  
  
LE COMTE  
Ce serait un honneur pour moi, mais voyez-vous, je suis trop las ces temps-ci. De plus, l'heure sonne pour moi d'aller me coucher. Je vous remercie tout de même, Baladin ! Bonsoir, Messieurs !  
  
  
   
  
  
ROBERTO  
Ravi de vous avoir rencontré dans un si bref moment étoilé de poésie !   
  
AUGUSTIN  
Alors, il vient ce vin, Mamouzelle ?  
  
MAMOUZELLE  
Voilà ! Voilà !  
  
AUGUSTIN  
Vous en avez mis du temps.  
  
MAMOUZELLE  
Il en faut du temps pour trouver la bouteille idéale, car en ce soir d'Automne pas comme les autres, nous fêtons des retrouvailles amicales très prononcées !  Voici du « Champinelle », il provient de la Propriété Viticole de Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais.  
  
AUGUSTIN  
Vous êtes fait pour la poésie, ma chère.  
  
  
   
  
  
  
MAMOUZELLE  
C'est trop flatteur.  
  
ROBERTO  
Augustin sait ce qu'il dit.  
  
MAMOUZELLE  
Dans ce cas, messieurs, je vous propose une soirée poétique.   
  
ROBERTO  
Quelle bonne idée est-ce là ! J'adore faire des vers ! Quand penses-tu, Maestro ?  
  
AUGUSTIN  
Demain soir, si vous voulez ?  
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
Vous précipitez les choses, cher maître.  
  
ROBERTO  
La poésie se présente à nos lèvres sur l'instant, elle se manifeste dans notre vie quotidienne, elle ne s'envisage pas, elle se donne comme un matin.  
  
  
MAMOUZELLE  
Dans ce cas, je vous donne rendez-vous demain soir. Sur ces mots, je vous souhaite de passer une chaleureuse fin de soirée, messieurs.   
  
AUGUSTIN  
Bonne nuit, douce Mamouzelle !  
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
Bonne nuit, Monsieur Augustin ! (Elle quitte les lieux)  
  
ROBERTO  
A demain soir, très chère !  
  
AUGUSTIN  
A nous deux, éternelle Baladin !  
  
ROBERTO  
A ta santé, Maître Augustin !  
  
AUGUSTIN  
A la tienne, bon Prince !  
  
FIN DE LA SCENE 5  
  
  
   
  
  
  
ACTE 1/ SCENE 6  
  
  
ROBERTO, AUGUSTIN, MAMOUZELLE  
  
  
   
  
  
ROBERTO  
Tu m'as fait venir dans un endroit divin, mon ami ! C'est bien mieux de se retrouver ici, plutôt qu'en ville, l'air y est plus pur.   
  
  
AUGUSTIN  
Je souhaite tirer un trait définitif sur le passé.  
  
ROBERTO  
« Nous nous aimions à cette époque, Bleu laideron !  
On mangeait des oeufs à la coque et du mouron !   
Un soir tu me sacras poète; Blond laideron:   
Descend ici, que je te fouette en mon giron;   
J'ai dégueulé ta bandoline, noir laideron;   
Tu couperais ma mandoline au fil du front.   
Pouah ! mes salives desséchées, roux laideron,   
infectent encore les tranchées de ton sein rond !   
ô mes petites amoureuses, que je vous hais !   
Plaquez de fouffes douloureuses vos tétons laids !   
Piétinez mes vieilles terrines de sentiments;   
Hop donc ! soyez-moi ballerines pour un moment !...   
Vos omoplates se déboîtent, ô mes amours !   
Une étoile à vos reins qui boitent tournez vos tours !   
Et c'est pourtant pour ces éclanches que (ai rimé !   
Je voudrais vous casser les hanches d'avoir aimé. »  
Arthur Rimbaud (Mes petites amoureuses)  
  
  
  
   
  
  
AUGUSTIN  
« Les sanglots longs des violons de l'automne  
Blessent mon coeur d'une langueur monotone.   
Tout suffocant et blême, quand sonne l'heure,   
Je me souviens des jours anciens et je pleure;   
Et je m'en vais au vent mauvais qui m'emporte   
Deçà, delà, pareil à la feuille morte. »  
Paul Verlaine (Chanson d'Automne - (Poèmes Saturniens)  
  
  
  
   
  
  
  
ROBERTO  
« Oisive jeunesse à tout asservie,   
Par délicatesse j'ai perdu ma vie.   
Ah ! Que le temps vienne où les coeurs s'éprennent;  
Je me suis dit: laisse, et qu'on ne te vois;  Et sans la promesse de plus haute joies.   
Que rien ne t'arrête !  auguste retraite. J'ai tant fait patience qu'à jamais l'oublie;  
Craintes et souffrances aux cieux sont parties.  
Et la soif malsaine obscurcit mes veines.  
Ainsi la prairie à l'oubli livrée, Grandie !   
et fleurie d'encens et d'ivraies  
Au bourdon farouche de cent sales mouches.  
Ah ! Mille veuvages de la si pauvre âme   
Qui n’a que l'image de la Notre Dame !   
Est-ce que l'on prie la Vierge Marie ?   
Oisive jeunesse à tout asservie,   
Par délicatesse j'ai perdu ma vie.  
Ah ! que le temps vienne où les coeurs s'éprennent !  
  
Arthur Rimbaud - (Chanson de la plus haute tour - Vers nouveaux et chansons)  
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE, qui a surgi des chambres entre temps  
Vous n'êtes pas encore couchés, messieurs ? Il se fait tard, le savez-vous ?  
  
AUGUSTIN  
Nous prenions le dernier verre de l'amitié, Roberto et moi.   
  
MAMOUZELLE  
Roberto doit être très fatigué ?  
  
ROBERTO  
Effectivement !  
  
MAMOUZELLE  
Suivez-moi ! Je vais vous indiquer votre chambre ! Quant à vous, Augustin, cessez donc de boire autant ! Il va falloir que je vous surveille de ce côté-là !   
  
ROBERTO  
Peut-être y réussirez-vous mieux que moi.  
  
AUGUSTIN  
Tu es bien placé pour en parler, Roberto ! (Il sort ensuite)  
  
FIN DE LA SCENE 6  
  
  
  
   
  
  
  
  
ACTE 1 / SCENE 7  
  
MAMOUZELLE  
  
  
   
  
  
MAMOUZELLE  
Tout le monde dort à présent; à l'heure qu'il est, ces messieurs cuvent leur vin; ils ont si bien arrosé la soirée pour leur retrouvailles !  
(Elle s'approche ensuite de la fenêtre)  
  
« La lune cristallise mon âme tout entière   
Je me sens revivre pour l’éternité...  
  
Bientôt, mes noces annoncées pour l’hiver  
Donneront une place de choix à la paix  
Tant attendue, tant espérée, si reculée  
Du monde des hommes semeurs de frontières.  
Oppresseurs du monde où l’argent est roi,  
Veux-tu bien laisser tranquille tous ces opprimés !  
  
La lune cristallise mon âme tout entière  
Je me sens revivre pour l’éternité.  
Faiseur de rêve, grand ordonnateur de la loi,  
N’en as-tu pas assez de ces guerres répétées ?  
Le plus fort l’emporte encore sur la Vérité !  
Mais enfin, me direz-vous, faut se taire,  
Car, j'en veux pour preuve, il en faut des guerres,   
C’est ce qui, de tout temps, stimule l’Humanité ! »  
  
Monsieur Augustin, ce soir, je risque de vous surprendre ! ? L'inspiration SI manifeste tout naturellement en moi et me guide mot à mot. Vivement ce soir !  
  
FIN DE LA SCENE 7  
  
  
   
  
  
   
ACTE 1 / SCENE 8  
  
MAMOUZELLE, SYLVESTRE  
  
  
   
  
  
De nos jours…   
  
SYLVESTRE, sort de la cuisine  
Je me sers un petit verre de Champinelle, Mamouzelle.  
  
(Sylvestre passe derrière le bar et se sert un verre)  
  
MAMOUZELLE, dans la cuisine  
Merci pour la vaisselle, Sylvestre !  
  
SYLVESTRE  
Votre récit est incroyable, ma petite dame ! Un vrai Conte poétique ! Quant au portrait que vous faites de nos chers Compagnons d'infortunes, je le trouve, ma fois, fort surprenant: pour l'époque, je lui trouve un petit coté rebelle à monsieur Roberto; Quant à Monsieur le comte, quel angoissé de première ! En revanche, Augustin, lui, je dirais qu'il est toujours égal à lui-même, il n'a pas perdu de sa verve poétique !   
  
  
  
   
  
MAMOUZELLE, sort à son tour de la cuisine, un panier rempli de linge dans les bras  
Néanmoins, il n’est plus le gentleman romantique et passionné que j'ai connu.  
  
SYLVESTRE  
Lui ! gentleman romantique et passionné ?  
  
MAMOUZELLE  
Dommage qu'il se soit endurci avec le temps.  
  
SYLVESTRE  
Si vous me dites qu'il fut rêveur, je veux bien le croire, mais de là à l'imaginer romantique et gentleman...  
  
MAMOUZELLE  
Ah ! Si vous aviez connu mon Augustin à cette époque...comme il était gracieux, enjoué, serviable...  
  
  
  
   
  
  
  
SYLVESTRE  
Et si vous me racontiez la suite du feuilleton, bergère ! Hein ! Quand dites-vous ?  
  
MAMOUZELLE  
Ce fut des instants comme une tranche d'irréelle !  
  
SYLVESTRE  
Je présume que monsieur le Comte, remis de ses blessures, retourna dans son château le lendemain matin...que Roberto séjourna un mois complet à l’Auberge, et qu'il fut le témoin de vos noces. Le coup classique, quoi !   
  
   
  
MAMOUZELLE  
Ce ni est pas exactement cela, facteur !  
(puis elle prend la direction du jardin)  
  
SYLVESTRE  
Attendez ! Où allez-vous comme ça ?  
  
MAMOUZELLE  
Venez m'aider à étendre le linge, Sylvestre !  
  
FIN DE LA SCENE 8  
  
  
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FIN DE L’ACTE 1  
  
  
FIN DU 8ième EPISODE  
  
  
  
Affaire à suivre dans le 9ième épisode intitulé :  
  
« SUPRÊME VEILLEE   »  
  
   
  
  
    
               
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										(c) Emilien  casali - Créé à l'aide de Populus. 
                Modifié en dernier lieu le 
                
                11.08.2017 
                
                
                 
                
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